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10 questions pour comprendre le métavers

Nouvel eldorado du divertissement, le métavers pourrait s’imposer dans les années à venir.
Octobre 2022

Terre d'Epargne

Univers numérique complètement virtuel, le métavers est un eldorado économique attirant les entreprises du monde entier. Divertissement, éducation, relations sociales, travail : les utilisateurs mènent, dans ce monde parallèle, une vie réaliste rendue possible par la technologie 3D.

Pour les novices, le métavers est complexe à saisir. Pourtant, ce phénomène se déploie et pourrait faire partie du quotidien des plus jeunes générations. Nous vous en proposons un décryptage.

1. Qu’est-ce que le métavers ?

Le métavers (« metaverse » en anglais) est la contraction du préfixe grec « meta », signifiant « au-delà », et du mot anglais « universe ». Il s’agit d’un espace numérique en trois dimensions (3D), immersif et commun aux utilisateurs. Représentés par leur avatar, ces derniers se déplacent et interagissent avec les autres personnes connectées. Il existe autant de métavers que de plateformes virtuelles.

2. D’où vient le métavers ?

Le mot « meta universe » était déjà employé dans le roman de science-fiction Le Samouraï virtuel (Snow Crash), de Neal Stephenson, paru en 1992. En outre, le jeu Second Life, créé en 2003, proposait déjà aux joueurs de se composer une seconde vie. Il est considéré comme l’ancêtre du métavers.
En effet, le métavers trouve son origine dans les jeux vidéo. Depuis longtemps, les gamers ont des avatars (apparences personnalisées) et sont habitués à évoluer dans un monde artificiel, créé numériquement grâce à leur équipement 3D VR.
 
Le saviez-vous ? Le terme « avatar » vient de la culture hindoue : il correspond à chacune des incarnations du dieu Vishnou sur Terre

3. Comment accéder au métavers ?

Le métavers est accessible sur internet, via un appareil connecté. Un casque VR (réalité virtuelle) ou des lunettes intelligentes AR (réalité augmentée) sont nécessaires. Il s’agit d’une technologie permettant d’intégrer en temps réel des éléments virtuels en 3D au sein d’un environnement existant. Pour explorer le métavers, l’utilisateur doit se créer un avatar, comme sur les jeux vidéo. L’avatar évolue dans cet espace et y laisse son empreinte.

À noter : Le métavers en 2D existe : visioconférences, ou jeux basiques, par exemple. Il serait voué à disparaitre.

4. Qu’est-ce qu’on fait dans le métavers ?

Le métavers est composé d’une multitude de plateformes en 3D, chacune ayant sa spécificité (Sandbox, Decentraland, Somnium Space, Cryptovoxels, etc). On y construit des terrains, on va au musée, casino, cinéma, on y achète des vêtements, on assiste à des festivals de musique… On peut même fréquenter l’université ou participer à des réunions professionnelles. Créées par des entreprises privées, ces plateformes permettent également aux utilisateurs de créer, vendre, acheter et monétiser leurs NFT de réalité virtuelle. Certaines d’entre elles ont leur propre cryptomonnaie

5. Quels sont les enjeux économiques du métavers ?

Ils sont astronomiques et les perspectives de développement sont exponentielles. D’après Bloomberg, le chiffre d’affaires du métavers approchera les 800 milliards de dollars en 2024. Selon Grayscale, gestionnaire d’actifs spécialisé dans les cryptomonnaies, le métavers pourrait représenter un marché annuel de 1.000 milliards de dollars dans les années à venir. Face à ces opportunités de business inédites, les principaux acteurs de la technologie et du divertissement entendent se tailler la part du lion. La course aux investissements a commencé : Google (39,5 millions de dollars), Microsoft (70 milliards de dollars), Alibaba (60 millions de dollars). Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook qui a rebaptisé son groupe Meta, va y investir 50 milliards de dollars et recruter 10.000 ingénieurs rien qu'en Europe. Certains économistes ne partagent pas cet optimisme. En effet, la sur-spéculation pourrait entrainer une spirale déflationniste plongeant le métavers dans une grande dépression 3.0. 

À noter: Le métavers pourrait connaître un taux de croissance annuel moyen de 39,4% de 2022 à 2030, selon Grand Review Research

6. Faut-il investir dans le métavers ?

Nul ne peut parier aujourd’hui sur la pertinence des investissements réalisés dans le métavers. Véritable terra incognita, il attire pour le potentiel hautement spéculatif des investissements qui y sont réalisés. Cependant, les risques de perte y sont proportionnellement importants. Les principaux investissements sont « immobiliers » : acheter un pas de porte virtuel, acheter ou louer des terrains virtuels. Dans ce commerce de parcelles, ou « lands », les repères de l’industrie immobilière sont bouleversés. Les mètres carrés sont remplacés par une autre unité de mesure et l’emplacement « géographique » compte peu, les distances étant compressées.

7. Le métavers : un espace sans règles ?

Sans frontières, le métaverse n’est pas pour autant sans règles. Qu’il s’agisse du droit de la consommation, du droit des biens, du droit fiscal ou encore du droit du travail, nos règles juridiques actuelles s’appliquent. Toutefois, toutes ne sont pas toutes adaptées au « v-commerce » (expression qui mêle e-commerce et réalité virtuelle). Par ailleurs, comme sur internet, les conflits portant sur les transactions revêtent une dimension internationale. En conséquence, ils sont susceptibles de soulever des conflits entre les juridictions compétentes. 

8. Métavers et environnement font-ils bon ménage ?

Selon le cabinet d’études Green IT, le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales en 2022. Le déploiement du métavers à grande échelle pourrait s’avérer être un gouffre énergétique. Son utilisation repose sur des terminaux, lesquels représentent 70% de l'impact carbone du numérique en France. En outre, le recours à la technologie blockchain validant les transactions sera démultiplié. Or, l’activité de minage est extrêmement énergivore. Au point qu’Erik Thedéen, le vice-président de l'Autorité européenne des marchés financiers (Esma), réfléchit à interdire le principal mode d'extraction du bitcoin pour orienter l'industrie vers un modèle moins gourmand en énergie. Le métavers est encore loin d’atteindre la sobriété numérique.

9. Qu’en pensent les philosophes ?

Critiques, les philosophes français y voient d’abord une allégorie de notre monde en perte de repères. Face à des turbulences d’ampleur, comme la crise sanitaire et le dérèglement climatique, l’Homme se tourne vers la création de mondes alternatifs, plus maîtrisables. Cependant, cette réalité alternative serait plutôt diminuée qu’augmentée : le corps y est aliéné et son intérêt est largement mis en question. D’autres penseurs y voient un complément à la réalité physique, une forme d’évasion où les utilisateurs peuvent prendre des décisions sociales et politiques approfondies sur la forme que devrait adopter la société dans ces mondes. 

10. La France est-elle bien placée dans la course au métavers ?

En janvier 2022, seulement 35% des Français déclarent savoir de quoi il s’agit, dont 14% « précisément » (Sondage Ifop-Talan, Les Français et le métavers). Les plus jeunes sont majoritaires. Par ailleurs, les Français manifestent massivement (75%) leur crainte vis-à-vis de l’émergence des mondes virtuels numériques, notamment en raison de la protection des données personnelles. Toutefois, dans le métavers, la France connaît de beaux succès reconnus internationalement. The Sandbox - l’une des principales plateformes de jeu : si elle est basée à Hong Kong, ses fondateurs sont deux Français. Oxya Origin, une plateforme de jeu remarquée pour son esthétisme est une pépite française. Enfin, plusieurs grandes enseignes françaises ont franchi le cap et existent dans le métavers : Carrefour, Groupe Casino, Arte, Axa assurances, Havas, Louis Vuitton.

L'essentiel à retenir

  • Début 2022, seulement 35% des Français déclarent savoir ce qu’est le métavers
  • Le métavers pourrait représenter un marché annuel de 1.000 milliards de dollars dans les années à venir
  • Nul ne peut parier aujourd’hui sur la pertinence des investissements réalisés dans le métavers 
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