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Décembre 2023

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Comme tous les ans à la même période, on se demande ce que nous réserve l’an prochain. En termes économiques, il n’y a pas de raison de se réjouir. Heureusement, il reste des opportunités d’investissement.

L’absence de récession ne signifie pas pour autant que la croissance va être solide en 2024. Au contraire. Cela va inciter les banques centrales à baisser le loyer de l’argent. Cela pourrait être une bonne nouvelle pour le marché des actions.

Croissance sous le potentiel

La croissance potentielle est une notion importante en économie. C’est le niveau de croissance auquel peut prétendre une économie si elle utilise pleinement ses capacités de production (investissement/capital, travail etc.). La mauvaise nouvelle, c’est que la croissance potentielle dans les pays développés ne cesse de chuter depuis plusieurs années et que cette baisse s’est accélérée avec la Covid. Aux États-Unis, nous estimons qu’elle se situe à 1,8% - ce qui est encore honorable. En zone euro, elle chute à 1,1% et en France elle est à seulement 1%. Cela veut dire que sur la longue durée, sauf changement majeur au niveau des facteurs de production, la croissance du PIB français a peu de chances d’être supérieure à 1%. L’Italie est en bas du peloton européen avec une croissance potentielle à 0,3%. Il y a une autre mauvaise nouvelle. La croissance l’an prochain va certainement être inférieure à la croissance potentielle dans les pays développés. Ce n’est pas réjouissant. En France, nous estimons qu’elle devrait être de 0,8% - en ligne avec le consensus. Heureusement (après tout, il faut aussi mettre en avant les rares bonnes nouvelles), la croissance dans les pays émergents devrait être proche du niveau de croissance potentielle à 3,8% en 2024. De là à dire que les pays émergents vont servir de relais de la croissance mondiale, c’est un peu présomptueux. En revanche, cela va permettre d’éviter une récession mondiale et permettre aux entreprises, qui sont très agiles depuis la Covid, de trouver des poches de croissance ici et là. On l’a vu ces derniers trimestres avec le secteur du luxe qui a réduit son exposition à la Chine et à trouver de nouveaux débouchés sur le continent américain, par exemple.

Baisse du loyer de l’argent en ligne de mire

Qui dit croissance en berne, dit baisse du loyer de l’argent. Les banques centrales vont pivoter, ce qui signifie qu’elles vont baisser les taux directeurs pour relancer l’investissement et la consommation via le truchement du crédit. Cela aboutit à plus de dette en circulation. Il y a un double débat à l’heure actuelle sur le timing de la baisse des taux et sur son ampleur. Les économistes et les analystes prévoient une première baisse du loyer de l’argent en zone euro dès le mois de mars prochain (50% de probabilité) et une ampleur de baisse de 100 points de base sur l’année 2024. Ce serait massif sur une période courte si cela venait à se produire. Il faut cependant se méfier de ces prévisions. Rien n’indique que la Banque Centrale Européenne (BCE) va effectivement vouloir agir aussi rapidement. Tout va dépendre de la vitesse du processus de désinflation et de la tenue du marché de l’emploi, qui est plutôt résistant jusqu’à présent. Ce qu’on peut retenir, en revanche, c’est que le coût de l’argent va immanquablement diminuer l’an prochain. Nous ne reviendrons jamais aux périodes d’argent facile où les taux étaient proches de zéro. Mais cela devrait au moins permettre le redémarrage de certains pans de l’économie qui sont à l’arrêt, comme l’immobilier, et de favoriser une reprise à terme de l’activité. La baisse des taux n’est toutefois pas le seul outil à disposition des banques centrales pour stimuler l’économie. Il y en a un autre, tout aussi efficace. C’est le bilan.

Un maître-mot : bilan

Sur les marchés financiers, le bilan des banques centrales s’est imposé depuis plus de dix ans comme un paramètre incontournable. C’est donc une notion financière qu’il convient de maîtriser en tant qu’épargnant. Les banques centrales effectuent des rachats d’obligations d’États et d’entreprises, ce qui permet d’obtenir des conditions de refinancement abordables pour ces deux acteurs. Autrement dit, c’est un levier qui permet d’éviter que les taux d’intérêt ne soient trop élevés, en particulier pour les acteurs les plus endettés. Depuis environ un an, les banques centrales ont adopté une démarche inverse. Elles ont réduit leur bilan. Concrètement, elles ont vendu des dettes qu’elle détenait. En l’espace de huit mois, le bilan de la BCE est passé de 9000 milliards d’euros à environ 7000 milliards d’euros, par exemple. Le montant est à peu près équivalent du côté de la banque centrale américaine. En agissant ainsi, cela permet d’obtenir des conditions financières plus restrictives et donc, potentiellement, de faire refluer l’inflation via une moindre création de crédits dans l’économie. La question qui se pose en 2024 est de savoir si elles vont continuer ce processus ou si elles vont plutôt choisir d’adopter une autre approche. En fonction de leur décision, cela aura un effet direct sur les conditions de refinancement. Du fait du ralentissement économique attendu l’an prochain, nous pensons qu’elles vont décider d’arrêter la réduction du bilan. Pour les actifs financiers, en particulier les actions, c’est plutôt une bonne nouvelle si cela se produit. Selon nous, cela devrait favoriser les actions européennes, qui sont un peu en retard par rapport aux actions américaines, et également les secteurs défensifs qui sont d’habitude plus résilients en période de croissance faible. Cela inclue traditionnellement les secteurs du luxe, de la consommation et de la santé. On peut considérer que les valeurs technologiques et le digital, qui ont une capacité impressionnante à résister aux vents contraires, en font partie également. Pour les acheteurs d’obligations, le nouveau contexte macroéconomique qui se dessine l’an prochain est plutôt favorable aux obligations à court terme (un à trois ans) émises par des États ou des entreprises qui sont bien notées. Le ratio risque/rendement est attractif. Il est encore trop tôt pour revenir sur les obligations à maturité plus longues qui ont l’inconvénient d’être plus volatiles en période de ralentissement économique.

L'essentiel à retenir

  • Dans les pays développés, la croissance va évoluer sous son potentiel l’an prochain.
  • Heureusement, les pays émergents vont encore faire preuve d’une résilience impressionnante.
  • Le contexte économique dégradé favorise les actions défensives, et toujours l’obligataire.
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