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Environnement

Comment résoudre la crise oubliée de l’eau

Septembre 2020

Terre d'Epargne

La biodiversité de l’eau douce est gravement menacée. Le monde a urgemment besoin d’un plan de sauvetage

Faisons une expérience : imaginons que les principales places boursières du monde ont perdu les quatre cinquièmes de leur valeur. Maintenant, posons-nous la question : les gouvernements ne feront-ils rien pour inverser ce déclin ou prendront-ils immédiatement des mesures ?

Alors que les urgences mondiales se multiplient, la question est pertinente. D’autant plus que 2020 constitue peut-être notre dernière chance de changer l’état de santé de la planète.

 Quelques signes encourageants se font jour. L’action en faveur du climat se développe, avec notamment les Fridays for Future, Extinction Rebellion et les campagnes contre le plastique. L’UE est engagée dans le Pacte vert pour l’Europe. Par ailleurs, la question de la planète est plus que jamais au centre des agendas politiques.

Mais l’une des questions environnementales les plus importantes et les plus urgentes de toutes jusqu’à présent a reçu trop peu d’attention : l’effondrement catastrophique des espèces et des habitats d’eau douce qui menace notre écosystème.

Les chiffres d’une crise oubliée

Selon l’indice planète vivante (IPV) du WWF, les populations d’espèces d’eau douce ont diminué de 83 %, au cours des 50 dernières années. Cet indice est semblable à un indice boursier, mais il se concentre sur les populations d’animaux sauvages plutôt que sur le cours des actions.

C'est une perte énorme. Dans les 50 dernières années, environ 30 % de nos écosystèmes d’eau douce ont été détruits. Les grandes espèces d’eau douce — comme les dauphins d’eau douce, les castors, les crocodiles et les esturgeons — ont été encore plus durement touchées. Aujourd’hui, plus d’un quart des espèces d’eau douce (dont un tiers de tous les poissons d’eau douce) pourraient être menacées d’extinction.

Ces écosystèmes ont longtemps été sous-estimés et négligés ; pourtant, ils nous fournissent de l’eau, de la nourriture, des moyens de subsistance et une protection contre les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Et cette tendance mondiale peine à s’inverser.

Sans cours d’eau et zones humides en bonne santé, nous n’aurons pas assez d’eau à boire. Et des millions de personnes, en particulier dans les pays les plus pauvres, perdront leur capacité à se nourrir grâce à la pêche en eaux douces. Qui plus est, tandis que la crise climatique s’intensifie, les cours d’eau et les zones humides saines — comme les marais — sont un allié pour atténuer l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes qui sont de plus en plus forts et fréquents, contribuant à ralentir les inondations extrêmes, représentant d’importantes réserves pour les périodes de sécheresse et fournissant un « bouclier » contre la montée du niveau des mers.

Le plan à adopter

Face à l’ampleur et à l’urgence de la crise, des choix radicaux s’imposent pour enrayer ce déclin et entamer la restauration de ce que nous avons perdu. C’est pour cette raison que le WWF, en collaboration avec une équipe des meilleurs scientifiques et experts politiques du monde, a élaboré un plan de sauvetage d’urgence pour la biodiversité  d’eau douce. La stratégie en six points, récemment publiée dans la revue BioScience, est réaliste et pragmatique, basée sur des mesures déjà testées et éprouvées dans certains fleuves, lacs et zones humides. Ce plan global nous éloigne des réalisations ponctuelles d’aujourd’hui en matière de conservation pour nous rapprocher d’une approche stratégique qui peut fournir des solutions permettant d’inverser l’effondrement de la biodiversité et nous orienter vers un avenir où nos écosystèmes d’eau douce seront à nouveau en pleine santé et regorgeront d’espèces sauvages.

Le plan prévoit la mise en œuvre de mesures rapides à l’échelle mondiale afin de permettre aux cours d’eau de s’écouler plus naturellement, de protéger et de restaurer les habitats essentiels et de réduire les niveaux de pollution. Il souligne en outre la nécessité de contrôler la propagation des espèces aquatiques envahissantes et de mettre fin à la surpêche et à l’extraction du sable qui n’est pas durable, de protéger les quelques fleuves s’écoulant encore librement dans le monde en supprimant les dizaines de milliers de barrages et de barrières obsolètes.

Le plan de sauvetage prévoit également une liste d’objectifs à inclure dans la Convention sur la diversité biologique que les gouvernements signeront en novembre, ainsi que les révisions nécessaires à apporter aux Objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris sur le climat. Ces objectifs contribueront à combler les lacunes en matière de protection des écosystèmes d’eau douce découlant des accords précédents, comme la restauration de cours d’eau plus naturels, le contrôle de l’extraction illégale et non réglementée de sable dans les rivières et l’amélioration de la gestion de la pêche en eau douce qui nourrit des centaines de millions de personnes.

Si nous continuons à sous-estimer et à négliger la santé des habitats d’eau douce, la courbe de la perte de la biodiversité continuera à grimper et nos systèmes de soutien de la vie déclineront. C’est cela ou nous pourrions emprunter une autre voie. Nous pourrions écouter ce que dit la science, nous engager dans le plan de sauvetage d’urgence et sauver les espèces et les écosystèmes d’eau douce — et nous-mêmes — avant qu’il ne soit trop tard.

Revenons à notre expérience de départ. Nous pouvons parier sans risque que les gouvernements ne reculeront devant rien pour inverser une chute brutale et durable de l’indice Dow Jones ou du FTSE 100. Pour réussir, le plan de sauvegarde de la biodiversité d’eau douce dans le monde aura besoin d’un soutien similaire, en particulier de la part des dirigeants politiques.

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