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Chômage partiel, congés parentaux forcés, aides aux indépendants, différés d’impôts et de cotisations sociales, recapitalisation d’entreprises en difficulté… Le confinement et la crise économique qu’il a déclenchée ont eu un coût massif pour les finances publiques, évalué, dès le printemps, à plus de 100 milliards d’euros.
Malgré la participation de l’Union européenne à ces mesures, l’État, qui n’a pas encore pu chiffrer l’ensemble des coûts cachés de cette crise, ne détient pas ces sommes dans ses caisses et doit emprunter sur les marchés. Alors qu’il avait prévu, début 2020, de lever 205 milliards d’euros de dette, le dernier chiffre connu fait plutôt état de 260 milliards d’euros empruntés cette année.
En conséquence, l’endettement de la France pourrait, selon les dernières estimations du ministère de l’Économie et des Finances, atteindre 120% du Produit intérieur brut (PIB) cette année. Loin, bien loin des critères définis dans le traité de Maastricht en 1992. A l’époque, l’Union européenne avait établi à 60% du PIB l’endettement à ne pas dépasser pour maintenir la stabilité de la zone euro.
Cet endettement record est-il préoccupant ?
Sur le plan politique, la dette est difficile à faire accepter lorsqu’elle n’est que la somme des déficits qui s’accumulent année après année. Elle alimente alors un train de vie de l’État, des collectivités territoriales et des organismes de Sécurité sociale que beaucoup peuvent juger dispendieux.
La dette passe mieux aux yeux des citoyens lorsqu’elle est contractée pour financer des investissements de long terme, comme des infrastructures ou des plans de transition énergétique. Dans le cas de la crise sanitaire et économique liée au coronavirus, les montants records empruntés ont permis aux pays de faire face à la mise sous cloche brutale de leurs économies. Sans relever stricto sensu de l’investissement, cet endettement supplémentaire a incontestablement amorti la violence du choc.
Au plan financier, la dette, même située à 120% du PIB, semble encore soutenable : les taux d’emprunt sont extrêmement bas, voire négatifs depuis plusieurs années sur des maturités de dix ans ou moins. L’État s’endette donc à bon compte, et lorsque les taux d’intérêts sont négatifs comme en ce moment, il gagne même de l’argent en empruntant.
Malgré ces taux d’intérêt très bas, les investisseurs sont encore nombreux à être rassurés par les emprunts d’État et à vouloir souscrire lorsque des émissions obligataires interviennent, c’est-à-dire, techniquement, quasiment chaque jour.
Les banques centrales ont également procédé, depuis le début de la pandémie, à une injection massive de liquidités. En clair, elles se sont portées acquéreuses de la majorité des obligations émises. Et elles ont encore des marges de manœuvre en cas de besoin.
Le principal risque est que cet endettement lourd persiste et s’accentue sans que le pays emprunteur ne donne suffisamment de gages sur sa volonté de le combler. Cela s’est déjà produit en 2011, lorsque la Grèce a échappé de peu à la sortie de la zone euro en échange de la mise en œuvre d’un plan drastique d’assainissement de ses finances publiques exigé par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.
Lorsque les investisseurs, lassés des rendements bas ou inquiets de la capacité du pays à honorer ses engagements, ne prêtent plus aussi facilement, les taux d’intérêt remontent mécaniquement. Les États débiteurs peuvent alors se retrouver étranglés par leurs échéances.
En juin dernier, la Cour des Comptes a recommandé au gouvernement français de ne pas miser aveuglément sur une reprise rapide, et largement hypothétique, de la croissance pour contenir l’endettement du pays. Elle l’a donc invité à rebâtir « une nouvelle stratégie de finances publiques qui assure la soutenabilité de la dette », en préconisant un « réexamen en profondeur de la qualité de ses politiques publiques. » Un avertissement que l’on peut résumer en quelques mots : dépenser moins, mieux, et vite.
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