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Tendances

L’élection américaine fait trembler les marchés

Joe Biden ou Donald Trump ? Les marchés ne réagiront pas de la même façon.
Octobre 2020

L’élection américaine du 3 novembre prochain est extrêmement incertaine et rend les marchés nerveux. Les investisseurs redoutent des scores contestés et un flou de plusieurs jours ou semaines. Une fois le résultat définitif proclamé, ils n’auront pas les mêmes réactions selon le camp qui l’emporte. Le tout, dans un climat économique très mouvant.

Les marchés financiers vivent souvent au rythme des échéances électorales dans le monde. L’élection américaine est scrutée plus que les autres, mais cette année, elle rend les marchés encore plus nerveux. Rarement les programmes des deux candidats ont été aussi opposés, et jamais la personnalité du président sortant n’a été aussi controversée. Avant même l’élection, le climat politique préoccupe les marchés. Le premier facteur d’instabilité, pour les entreprises et les ménages, est le nouveau plan fiscal discuté actuellement à la chambre des représentants. Pour le moment, les deux camps n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Or, il devient urgent qu’ils trouvent un terrain d’entente car beaucoup des mesures lancées au printemps en réponse à la crise arrivent à échéance fin septembre.

Si rien n’est prolongé, le risque majeur est de voir baisser drastiquement le revenu disponible des ménages, avec les menaces qui pèseraient alors sur la consommation. Certains économistes estiment que les Américains pourront toujours puiser dans l’épargne qu’ils ont constituée pendant la crise – c’est ce qui c’était passé en 2013, lors du précédent choc fiscal - mais c’est oublier un peu vite la dégradation de l’emploi et la fragilité de la confiance des ménages.

Politique de l’offre pour les républicains, de la demande pour les démocrates

Un autre risque fait trembler les investisseurs, c’est celui d’une élection dont le résultat serait contesté, notamment si le camp démocrate l’emporte. Si Donald Trump, comme il l’a déjà laissé entendre, venait à remettre en cause la légitimité de l’élection, ou si une indécision pesait pendant plusieurs semaines, cela entraînerait une baisse de confiance très forte. Ce risque est d’ailleurs bien palpable, puisque le marché des options de couverture est très actif pour des échéances proches de la date de l’élection. Il est nettement plus calme pour les semaines qui suivent. Tant que les sondages seront serrés, les marchés appréhenderont ce risque.

Une fois l’élection passée, différents scénarios se dessinent et aucun, sur le plan économique et financier, n’alarme fondamentalement les marchés.

Une vague bleue, c’est-à-dire une victoire large du camp démocrate à la présidence comme au Sénat, signifierait que Joe Biden a les coudées franches pour réaliser son plan. Celui-ci diffère fondamentalement des actions menées par Donald Trump. Alors que l’actuel locataire de la maison Blanche a largement favorisé les entreprises, le camp démocrate prône une politique de la demande. Cela signifie des mesures fiscales en défaveur des entreprises, mais plus favorables aux ménages, ainsi qu’un effort budgétaire très important (on parle de 2 000 milliards de dollars) en faveur de la transition énergétique. Ces mesures peuvent s’accompagner d’un à-coup négatif sur les marchés en raison de la hausse des taxes. A plus long terme, elles peuvent aussi relancer la croissance, par la consommation et les investissements dans les projets écologiques. Certes, elles comportent un risque inflationniste, mais nous savons maintenant que la Réserve Fédérale s’en accommodera. La baisse des marchés devrait être de courte durée.

Un autre scenario probable est celui d’une Maison blanche occupée par le candidat démocrate, mais d’un Sénat qui reste républicain, alors que la chambre des représentants resterait, elle, démocrate. Cette solution semble équilibrée, elle apaiserait les tensions géopolitiques (notamment la guerre commerciale avec la Chine) et favoriserait la coopération mondiale. Dans le même temps, le Sénat républicain pourrait s’opposer aux mesures fiscales trop défavorables aux entreprises. En contrepartie, nous pourrions assister, de nouveau, aux difficultés des deux camps à s’entendre si un nouveau plan de relance devait être voté.

Au-delà de l’élection, de fortes inquiétudes sur la solidité de la reprise

Une victoire de Donald Trump, avec un Sénat républicain, signifierait un statu quo. Pour les marchés, il ne s’agit pas forcément d’une mauvaise nouvelle. Le mandat de Trump leur a été plutôt favorable. Les réformes fiscales ont eu un impact très positif. Et si les nouvelles taxes issues de la guerre commerciale avec la Chine ont impacté négativement l’activité, elles l’ont fait dans une moindre mesure.

L’élection influence les marchés, mais elle ne doit pas faire oublier le contexte économique, qui n’a jamais été aussi incertain. La crise sanitaire a durablement ébranlé le moral des ménages. Certes, le déconfinement a permis d’observer une reprise en V, mais le doute demeure quant à la solidité de cette reprise. Les entreprises ont des situations de trésorerie tendues et l’emploi risque encore d’en pâtir. Cette fragilité économique pourrait provoquer un scenario en W, avec une rechute des marchés. La crainte va donc bien au-delà de l’échéance électorale.

L'essentiel à retenir

  • Les marchés sont nerveux à l’approche de l’élection américaine.
  • Ils redoutent par-dessus tout une élection contestée, dont le résultat mettrait plusieurs semaines à être connu.
  • Les trois scénarios qui se dessinent après l’élection sont vécus différemment par les investisseurs.
  • Au-delà de l’élection, les marchés ont, plus que jamais dans ce contexte incertain, les yeux rivés sur les fondamentaux économiques.