ABONNEZ-VOUS À NOTRE LETTRE D'INFORMATION

Pour suivre nos actualités et nos analyses de marché

Terre d'Epargne
Comprendre la finance Anticiper les tendances de marché Gérer son patrimoine
Tendances

2020, l'année noire des dividendes

Crise oblige, les dividendes sont supprimés ou diminués. Les actionnaires sont pénalisés.
Septembre 2020

La crise due au Covid-19 a causé du tort aux actionnaires : la valeur de leurs titres a chuté, mais en plus, les dividendes qui devaient leur être versés en 2020 sont supprimés ou amputés. Le rendement attendu ne sera pas au rendez-vous.

C’est la société Airbus qui a ouvert le bal, dès le début de la crise. Le 23 mars dernier, l’avionneur a annoncé qu’il supprimait son dividende. Le même jour, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, annonçait que les prêts garantis par l’Etat ne seraient pas octroyés aux sociétés qui versaient un dividende. 

La plupart des sociétés, petites ou grandes, ont bien reçu le message, annonçant soit une réduction, soit une suppression totale du dividende. A ce jour, seule une poignée de sociétés du CAC 40 ont décidé de maintenir la rémunération initialement prévue. Pour les actionnaires, c’est la douche froide.

Les dividendes compensaient les mauvais rendements des obligations

Le dividende vient, en effet, rémunérer l’immobilisation de leur capital. Ces dernières années, un certain nombre d’épargnants avaient augmenté leur part d’actions pour compenser les mauvaises performances de leurs autres actifs, à commencer par les obligations : depuis juin 2019, les rendements des emprunts d’Etat à dix ans affichent des taux négatifs. Les actions constituaient à leurs yeux le seul moyen d’obtenir un rendement acceptable. « C’était le phénomène TINA, there is no alternative », explique Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management. La chute ou la suppression des dividendes est ressentie d’autant plus durement que les actionnaires ont parfois acheté leurs titres au prix fort. 

Si les actions ont un rendement plus élevé que les placements dits « sûrs », c’est précisément parce qu’elles présentent davantage de risques. Les cours peuvent fortement fluctuer. La direction peut renoncer au versement d’un dividende si la société est en difficulté. Enfin, lorsqu’une entreprise est liquidée, les actionnaires sont servis en dernier : avant de leur rembourser le capital, la règle consiste à payer d’abord les dettes sociales et fiscales, puis les salariés et tous les créanciers, en incluant les titulaires d’obligations. Au bout du compte, les actionnaires récupèrent rarement leur mise.

Au lieu d’être distribués, les bénéfices renforceront les trésoreries

Même s’ils sont déçus, les actionnaires privés de dividendes ont toutefois un motif de consolation : sur le plan financier, la crise est intervenue au moment le moins critique. En 2019, les sociétés du CAC 40 ont enregistré 79,5 milliards d’euros de bénéfices après impôts. Comme ce chiffre est en baisse - les résultats de 2018 étaient de 88,4 milliards d’euros -, le manque à gagner est moindre. Surtout, les sommes destinées aux dividendes n’ont pas quitté les caisses des entreprises. En effet, c’est au moment des assemblées générales, qui se tiennent entre fin avril et juin, que le dividende est validé par le vote puis distribué aux actionnaires. Le coup d’arrêt économique est arrivé après la publication des résultats, mais avant le versement des dividendes. Ce timing a permis aux directions générales de disposer d’un filet de sécurité pour faire face à a crise : au lieu de servir leurs actionnaires, elles ont conservé ces sommes dans leur trésorerie. A titre d’exemple, la société Saint-Gobain, en supprimant son dividende, a gardé 751 millions dans ses comptes. Chez BNP Paribas, ce sont 3,87 milliards qui sont restés dans la trésorerie. 

Il est encore trop tôt pour savoir quels seront les impacts économiques à court, moyen et long terme de cette crise. Mais en supprimant ou en réduisant leurs dividendes, les entreprises sont mieux armées pour affronter les difficultés, se redresser rapidement et reverser, plus tard, des dividendes à leurs actionnaires. Lesquels ne doivent jamais oublier que l’investissement sur les marchés est un placement de long terme.

L'essentiel à retenir

  • La crise a mis les entreprises cotées en difficulté.
  • Alors qu’elles avaient prévu de distribuer une bonne partie de leurs profits sous forme de dividendes, elles ont finalement décidé de conserver ces sommes dans leur trésorerie.
  • Pénalisés cette année, les actionnaires seront récompensés à long terme si les sociétés traversent la crise sans encombres et repartent de l’avant.