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LE BAROMÈTRE DES MARCHÉS FINANCIERS, PERSPECTIVES D’INVESTISSEMENT DU MOIS D’OCTOBRE

Octobre 2021
Communication marketing

Barometer: Acheter peut attendre?

Compte tenu de la menace que fait peser la débâcle d’Evergrande sur la reprise économique chinoise au lendemain de la pandémie, les  investisseurs doivent chercher à consolider leurs défenses.

01

Allocation d’actifs: vague de froid automnal sur les marchés

Les attentes au sujet d'un resserrement de la politique monétaire s'intensifient.

Face à la hausse de l’inflation, les banques centrales continuent de préparer le terrain en vue d’un retrait des mesures de relance monétaire provoquées par la pandémie.

Cependant, la hausse des taux d'intérêt n'est pas la seule préoccupation des marchés actions. Les événements en Chine sont également inquiétants. La forte reprise qu’a connue le pays au lendemain de la pandémie est désormais menacée alors que Pékin lutte pour éviter l’effondrement de sa société immobilière la plus endettée, Evergrande.

Nous avons abaissé d’un point de pourcentage nos prévisions de croissance économique en Chine pour 2021-22 à 8,6%. Nous nous attendons en effet à voir les retombées de la débâcle d’Evergrande se propager à l’ensemble du secteur immobilier. L’indicateur avancé du pays recule à un taux annualisé de 5%, soit le même rythme que celui observé au plus fort de la crise de la Covid en mars 2020.

Cela ne devrait pas être une surprise étant donné que l’immobilier et les secteurs connexes représentent jusqu’à 30% du PIB chinois et que les deux tiers de la richesse des ménages se composent de biens immobiliers. Le resserrement de la politique monétaire nous a conduits à abaisser les obligations à sous-pondérer, tandis que les problèmes de la Chine nous ont convaincus d'augmenter l'exposition aux secteurs défensifs des actions et de relever les liquidités à surpondérer.

Fig. 1 — Grille d’allocation d’actifs mensuelle

Octobre 2021

Grille d’allocation d’actifs
Source: Pictet Asset Management

L’analyse du cycle conjoncturel montre que l’activité économique mondiale connaît une phase de consolidation. Nos indicateurs avancés mondiaux se sont contractés en août pour la première fois depuis le début de la reprise après la pandémie. Nous avons abaissé nos estimations de croissance du PIB mondial en 2021 pour le troisième mois consécutif à 6,2%, contre 6,4% le mois dernier, les reculs pour les États-Unis et la Chine étant les plus prononcés.

Même si elle ralentit, la croissance aux États-Unis reste nettement supérieure à son potentiel et selon nous, la plus grande économie du monde devrait rester solide. Les créations d’emploi et la hausse des salaires stimuleront en effet les dépenses de consommation au cours des prochains trimestres.

La pénurie de main-d’œuvre et de matières premières ainsi que la flambée des prix du pétrole et du gaz maintiennent les pressions inflationnistes à un niveau élevé, même si le rythme des hausses des prix à la consommation a ralenti au cours du dernier mois.

L’Europe continue de briller. L’indicateur avancé de la région a ainsi progressé pour le quatrième mois consécutif, soutenu par un euro plus faible, par la généreuse relance monétaire de la Banque centrale européenne et par des campagnes de vaccination réussies.

Notre analyse des liquidités montre que les banques centrales continuent de proposer de vastes mesures de relance, mais à un rythme plus lent.

Les cinq grandes banques centrales mondiales n’injectent que 500 milliards de dollars de liquidités en rythme trimestriel, le niveau le plus bas en 18 mois, alors qu’il atteignait 1 500 milliards de dollars au plus fort de la pandémie.

Cela dit, nos calculs montrent que la trajectoire de resserrement monétaire suivie par la Réserve fédérale américaine reste très tardive. Le «taux implicite» de la banque centrale, qui est corrigé de l’effet des achats d’actifs, se situe environ 500 points de base en dessous de ses niveaux d’équilibre.

Cette faiblesse persiste malgré le virage franc pris par les responsables de la Fed dans leurs communications, qui annonce un retrait plus rapide des 120 milliards de dollars d’achats obligataires mensuels de la banque centrale et une campagne de hausse des taux plus agressive, qui pourrait commencer dès la fin de 2022.

Les conditions d’accès aux liquidités dans la zone euro restent les plus souples au monde et les relances offertes par la Banque centrale européenne devraient continuer de soutenir le PIB l’an prochain – c’est la seule autorité monétaire à agir de la sorte parmi les grandes économies.

La banque centrale chinoise a augmenté ses injections nettes de liquidités en réponse à l'assèchement des financements chez les promoteurs immobiliers. Nous tablons sur un relâchement progressif des conditions d’accès aux liquidités dans tout le pays au cours des prochains mois; la Banque populaire de Chine pourrait réduire le taux de réserve obligatoire des banques pour la deuxième fois cette année, lorsque ses prêts à moyen terme arriveront à échéance.

Fig. 2 – Rares flux sortants pour les actions
Flux hebdomadaires et cumulés des fonds d’actions
Flux d’actions AA
Source: Refinitiv, EPFR, Pictet Asset Management, données couvrant la période allant du 31.12.2018 au 30.09.2021

Notre modèle de valorisation concorde avec notre dégradation des obligations et notre positionnement neutre sur les actions.

Malgré une récente hausse des rendements, les obligations restent en dessous de leur juste valeur et nous nous attendons à une nouvelle correction des prix.

Les actions ont subi leur première semaine de flux négatifs de l’année, avec plus de 24 milliards de dollars de flux sortants (voir Fig. 2).

La hausse des rendements obligataires devrait peser sur les multiples de résultat des actions étant donné la valorisation élevée de la classe d’actifs. Les bénéfices des entreprises constituent un autre signal d’alerte.

La dynamique des bénéfices a commencé à refluer, avec un bénéfice par action attendu sur 12 mois qui s’élève à présent à 20% pour l’indice MSCI All-Country World, contre 60% en juin.

Nos modèles suggèrent qu’au cours des prochains trimestres la croissance des bénéfices poursuivra sa décrue notable et que le rythme de l’expansion économique ralentira.

Nos indicateurs techniques brossent un tableau positif pour les actifs risqués, qui profitent de facteurs saisonniers et d’un sentiment modéré des investisseurs.

02

Régions et secteurs des actions: hausse des valeurs défensives

Nous restons neutres vis-à-vis des actions, mais continuons d’augmenter notre allocation dans les parties défensives du marché sur fond de craintes d’une augmentation des risques qui pèsent sur la croissance mondiale. Le rebond entamé au printemps 2020 semble avoir du plomb dans l’aile. La volatilité des marchés remonte tandis que la croissance économique et celle des bénéfices ralentissent. Les banques centrales réduisent les mesures de relance monétaire. Et les valorisations sont tendues.

Nous apportons deux changements à nos allocations d’actions régionales et sectorielles: nous clôturons notre position courte sur les actions japonaises et les passons à neutre, et nous relevons la santé de neutre à surpondérer.

Bien que les fondamentaux ne se soient pas améliorés depuis le mois dernier au Japon – les indicateurs avancés sont en baisse et le pays est très exposé à l’affaiblissement du cycle manufacturier mondial – le changement de leadership dans le gouvernement, avec la nomination prochaine de Fumio Kishida au poste de Premier ministre, ouvre la perspective de changements de politique que les investisseurs appelaient de leurs vœux depuis un certain temps, y compris un retour aux programmes de relance de type Abenomics.

Plus généralement dans notre allocation d'actions régionales, nous maintenons une forte préférence pour les actions européennes et restons surpondérés en actions britanniques, de la zone euro et suisses. Dans la zone euro, la dynamique économique est plus résistante qu’ailleurs, les campagnes de vaccination vont bon train et la BCE ne devrait pas prochainement durcir le ton. Par ailleurs, les valorisations des actions restent raisonnables tant en termes absolus que relatifs. Le marché britannique, quant à lui, est le moins cher de notre tableau de bord, avec un rendement du dividende supérieur à 4% et un éventail sectoriel favorable, où dominent les titres cycliques de valeur et les actions défensives de qualité.

Fig. 3 – Les actions de la santé devraient briller avec le ralentissement de la croissance économique

Performances du secteur de la santé face aux surprises économiques

Actions – santé
Source: Refinitiv Datastream, Citi, Pictet Asset Management. Données couvrant la période allant du 28.09.2016 au 23.09.2021.

La sous-performance de 30% du marché actions chinois cette année est due à la faiblesse surprenante des résultats des entreprises. Les bénéfices à terme sur douze mois restent identiques à ceux de décembre dernier, même s’ils ont grimpé de plus de 25% dans le reste du monde. Néanmoins, si les actions chinoises semblent bon marché, elles ne le sont pas encore assez pour mettre de côté les risques locaux – aux bouleversements réglementaires s'ajoute désormais un choc énergétique. Nous restons très optimistes au sujet des perspectives à moyen et long terme des actions chinoises, mais nous attendons que la dynamique de croissance économique atteigne son point le plus bas et que la politique monétaire se fasse plus conciliante pour renforcer notre exposition tactique.

Nous continuons à augmenter notre allocation aux secteurs défensifs en surpondérant la santé. Le secteur bénéficie d'une forte dynamique et a surperformé ses homologues défensifs depuis le début de l'année (voir figure 3). La valorisation est raisonnable et un dollar américain fort constitue historiquement un soutien. Nous maintenons notre surpondération dans le secteur financier, qui devrait bénéficier de la hausse des rendements, et dans l'immobilier, qui est relativement bon marché et constitue une activité défensive qui devrait profiter de la réouverture des économies. Nous maintenons également notre sous-pondération des biens de consommation discrétionnaire, car la hausse de l’inflation et le retrait des transferts gouvernementaux limiteront le pouvoir d'achat des ménages.

Les matériaux sont désormais le secteur le moins cher de nos modèles. La dévaluation du secteur s’explique par les craintes concernant la demande finale de la Chine et la vigueur du dollar. Chose rare, elle se produit à un moment où les actions de l’énergie se sont appréciées.

Plus généralement, la dynamique des bénéfices a clairement atteint son pic. Les bénéfices par action à terme sur 12 mois pour l’indice MSCI All Country World enregistraient une croissance annuelle de 60% en juin. Ce taux annuel est désormais tombé à 20%. Nos modèles suggèrent qu’au cours des prochains trimestres la croissance des bénéfices poursuivra sa décrue notable et que le rythme de l’expansion économique ralentira. 

03

Obligations et monnaies: influence de l’inflation

Les investisseurs obligataires du monde entier sont très vigilants face à l’inflation. À long terme, elle pourrait pousser les taux à la hausse et rendre les rendements obligataires à nouveau attrayants. Cependant, pour l’instant, elle menace de rogner la valeur réelle de performances déjà minces.

À l’échelle mondiale, nous nous attendons à voir l’inflation se maintenir au-dessus de la tendance et des prévisions du consensus pour cette année et l’année prochaine, principalement en raison de la forte demande suscitée par les solides créations d’emplois et l’accélération de la croissance des salaires. La persistance des goulots d’étranglement devrait également avoir un rôle à jouer, compte tenu des pénuries de main-d’œuvre et des niveaux de stocks historiquement bas.

La clé consiste donc à trouver les zones du marché obligataire qui sont les mieux protégées contre la pression inflationniste. L’une d’elles est, selon nous, la dette souveraine chinoise. Les prix à la consommation en Chine ont augmenté de seulement 0,8% en août en glissement annuel, ce qui est inférieur au consensus et bien en deçà de l'objectif officiel de 3%. 

En plus d’afficher l’un des taux d’inflation les plus bas au monde et la perspective d'une politique monétaire plus souple, la Chine offre actuellement des rendements obligataires parmi les plus élevés, de l'ordre de 2,9%. 

Nous tablons sur de nouvelles mesures de relance en Chine, y compris des injections de liquidités et des réductions du taux de réserve obligatoire (TRO). Aux États-Unis, les achats d'obligations devraient bientôt se réduire et les hausses de taux pourraient commencer d'ici à la fin de l'année prochaine.

Fig. 4 -  Toujours négatifs
Bons du Trésor américain: Rendement à 10 ans et rendement réel, en points de base
FI – Rendements des bons du Trésor
Source: Refinitiv Datastream, Pictet Asset Management. Données couvrant la période allant du 28.09.2016 au 28.09.2021.

En termes réels, les rendements de référence des bons du Trésor américain restent en territoire négatif et sont inférieurs d’environ 30 pb à notre estimation de la juste valeur, malgré la récente réévaluation en prévision du resserrement monétaire (voir Fig. 4). 

Les obligations à haut rendement américaines devraient être particulièrement vulnérables en cas de resserrement de la politique monétaire des États-Unis. Pour commencer, les valorisations sont élevées et ces titres constituent, de loin, la classe d’actifs obligataires la plus onéreuse de notre modèle. Leur écart de rendement par rapport aux bons du Trésor se situe juste au-dessus de 300 pb, le niveau le plus bas depuis 2007. En outre, les perspectives de bénéfices des entreprises américaines ne cessent de se détériorer – les révisions à la baisse des analystes et les avertissements sur les bénéfices sont déjà de plus en plus nombreux.

Nous sommes donc négatifs vis-à-vis du haut rendement américain. Nous sommes moins pessimistes sur la dette à haut rendement en Europe, où la croissance économique semble plus résiliente et où les indicateurs avancés sont toujours en hausse. Les restrictions en matière de mobilité s’assouplissent, les taux de vaccination sont élevés et la politique budgétaire est toujours favorable.

Sur le marché des changes, nous ne voyons pas de catalyseur évident qui viendrait mettre fin à la vigueur continue du dollar américain, mais tout gain supplémentaire potentiel sera limité par sa forte valorisation. La livre sterling semble la plus vulnérable des principales devises, car la croissance britannique a pris un virage nettement négatif. La croissance est presque au point mort dans tous les secteurs, et elle risque d'être encore plus touchée par la poussée de l'inflation et les pénuries de carburant. La Banque d'Angleterre pourrait avoir du mal à relever ses taux au début de 2022, comme les cours l'anticipent actuellement.

04

Section spéciale: à quel point les actions sont-elles vulnérables face à la hausse des rendements obligataires?

Pourquoi les rendements des obligations d'État pourraient-ils continuer à augmenter?

Tout d’abord, le propre positionnement politique la Fed semble excessivement souple au regard de la reprise continue de l’économie après la pandémie. Selon nos calculs, qui tiennent compte de nos propres prévisions de croissance du PIB et d’inflation, le taux des fonds fédéraux est actuellement inférieur de 550 points de base au taux «naturel» ou «neutre», c’est-à-dire le taux d’intérêt réel qui correspond à une économie fonctionnant à un niveau durable. Même en partant du principe que l’inflation de base chute encore plus vite que nos prévisions actuelles (à 2% d’ici à la fin de l’année, contre 3,6% actuellement), les taux des fonds fédéraux implicites se situeraient toujours 380 points de base en deçà du niveau où ils devraient se trouver. En outre, si la Fed cherche à combler cet écart au cours de l’année à venir, en relevant les taux d’intérêt de 25 points de base lors de chacune de ses huit réunions en 2022, les fonds fédéraux seront toujours à 180 points de base en dessous du taux neutre, accusant ainsi un retard de deux ans sur le cycle conjoncturel. 

Viennent ensuite les prévisions du marché, qui sont encore plus conciliantes que celles de la Fed. Actuellement, les marchés obligataires tablent sur des hausses de taux d'intérêt inférieures de 50 à 70 points de base aux estimations de la Fed pour 2024 et au-delà. Ainsi, les prévisions de taux d'intérêt de la Fed et du marché étant en contradiction avec les conditions économiques sous-jacentes, les rendements obligataires devraient avoir tendance à augmenter. Il convient également de noter que, historiquement, lorsque les rendements obligataires augmentent au cours d'un cycle de resserrement monétaire, environ 50% de cette augmentation cumulée se matérialise après la première hausse des taux.

Quelle est la taille de l’écart entre ce que notre propre analyse nous révèle sur la rapidité – et l’ampleur - de l’augmentation des rendements et ce que le marché escompte actuellement?

On ne peut réellement considérer comme juste le niveau du rendement des obligations américaines à 10 ans que si la Fed continue d’augmenter son bilan au rythme de la croissance du PIB.

Cependant, si nous voulons être réalistes, nous supposons que les positions de la Fed en obligations, exprimées en pourcentage de la production économique, resteront assez stables à 38% seulement jusqu’au second semestre 2022, avant de tomber à environ 30-32% d’ici à la fin de cette même année. Dans ce scénario, et compte tenu de nos prévisions de croissance réelle du PIB américain, la juste valeur du rendement obligataire à 10 ans s’élève à environ 1,8%, soit environ 30 points de base de plus qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes (01.10.2021). (Veuillez noter que nos modèles quantitatifs suggèrent que le programme d’achat d’obligations de la Fed a maintenu les rendements obligataires quelque 170 points de base en dessous de leur niveau d’équilibre.)

Fig. 5 – Les rendements obligataires réels ont une influence majeure sur les valorisations des actions

Rendement des TIPS américains à 10 ans, en %, et ratio cours-bénéfice à 12 mois du S&P 500

Section spéciale 1
Source: Refinitiv, MSCI, IBES, Pictet Asset Management; données couvrant la période allant du 31.12.2014 au 30.09.2021.

Si nos estimations s’avèrent correctes, quel pourrait être l’effet sur les marchés actions?

Prise de façon isolée, une hausse du rendement réel n’est pas une bonne nouvelle pour les actions. Ces dernières années, on a noté une très forte corrélation négative entre les rendements réels des obligations américaines et les ratios cours-bénéfice (C/B) des actions. À chaque hausse de 100 points de base du rendement de l’obligation indexée sur l’inflation américaine de référence, le ratio C/B cédait 20%. Cela dit, ce facteur n’est généralement pas suffisant à lui seul pour freiner les actions. En effet, une analyse des deux dernières décennies montre que les actions ont gagné du terrain, même lorsque les rendements réels ont augmenté. Il y a une explication simple à ces bons résultats: la croissance des bénéfices des entreprises a été suffisamment forte pour passer outre la contraction des multiples de résultat des actions.

En effet, la hausse des rendements obligataires peut être le reflet d’une amélioration des conditions économiques. Et lorsque la croissance économique s’améliore, les perspectives de bénéfices des entreprises aussi. En effet, en raison de l’endettement opérationnel des entreprises, la croissance de leurs bénéfices a tendance à être beaucoup plus volatile que celle du PIB – le bêta de la croissance des bénéfices par rapport à la croissance du PIB est de 5, ce qui signifie qu’à chaque point de pourcentage d’augmentation de la croissance du PIB correspond une hausse des bénéfices par action des entreprises (BPA) cinq fois plus élevée. (Pendant la pandémie, le bêta du BPA par rapport au PIB a été beaucoup plus faible, environ 2-3x, mais cela s’explique par la nature unique de la récession, qui a touché davantage les services que la consommation de biens.)

Tout cela signifie que la performance relative des actions par rapport aux obligations dépend avant tout de deux variables: l’écart entre la croissance nominale du PIB et le taux sans risque (que nous appelons le «put de la Fed») et l’écart entre la croissance des bénéfices des entreprises et la croissance du PIB, qui sert d’indicateur des marges bénéficiaires. Plus ces écarts sont importants, meilleure est la situation pour les actions. Toutefois, en cas de baisse de l’une de ces différences, ou des deux, la conjoncture devient moins favorable pour les actions. Selon notre analyse, les deux écarts semblent prêts à se réduire, ce qui annonce une baisse des performances des actions.


Une des raisons de ce changement est le ralentissement de la croissance des bénéfices. Lors de leur phase de reprise après la pandémie, les bénéfices des entreprises américaines ont atteint des niveaux qui ne sont pas viables sur le long terme; par exemple, la hausse des bénéfices sur laquelle tablent les analystes pour 2023 est d’environ 20% supérieure à la tendance à long terme. Si l’on ajoute à cela le fait que les marges bénéficiaires sont également hors-normes, le potentiel de hausse des bénéfices des entreprises semble dorénavant limité. La vulnérabilité accrue du marché actions face à une augmentation du coût du capital est un autre problème.

Étant donné qu’une grande partie de la valeur des marchés actions provient de prévisions élevées de croissance des bénéfices, même une légère augmentation du rythme d’actualisation de ces flux de trésorerie futurs pourrait avoir un impact sur le cours des actions. Nous observons que la duration du marché actions américain – la mesure de la sensibilité des cours des actions à une hausse de 100 points de base des rendements obligataires à long terme – est 40% supérieure à son niveau d’il y a dix ans.

Ainsi, une hausse de 100 points de base des rendements obligataires à long terme entraînerait, toutes choses égales par ailleurs, une baisse d’environ 20% de la juste valeur des marchés actions, selon notre modèle de flux de trésorerie actualisés. Cela correspond au bêta du ratio cours-bénéfice par rapport au rendement des obligations indexées sur l’inflation américaines, qui s’élève à 4.

Le risque pour les actions d’une hausse des rendements obligataires est encore plus grand, étant donné que l’économie entre dans une phase plus avancée de son cycle, qui se caractérise par une accélération de l’inflation. C’est durant cette phase que les performances des actions et des obligations ont tendance à afficher la corrélation positive la plus forte – actuellement, la corrélation entre les deux grandes classes d’actifs est au plus haut depuis 15 ans.

Fig. 6 – Les actions sont très vulnérables à une hausse des rendements obligataires à long terme

Croissance attendue des bénéfices des actions américaines, rendement du dividende et rendement des obligations d’État américaines à 10 ans, en % 

section spéciale 2
Source: Refinitiv, MSCI, IBES, Pictet Asset Management; données couvrant la période allant du 31.12.1987 au 30.09.2021.

En utilisant le passé comme référence, pour quels secteurs des actions et du marché peut-on s'attendre à de bons résultats et quels sont ceux qui risquent de souffrir?

Parmi les segments les plus vulnérables à la hausse des rendements obligataires figurent les marchés et secteurs d'actions axés sur la croissance. À l’inverse, les principaux bénéficiaires seraient plutôt les secteurs et les régions de valeur/cycliques, comme les valeurs financières et les actions d’Amérique latine.

Cependant, des changements dans la forme de la courbe des taux peuvent donner une meilleure idée de la performance relative de certaines classes d’actifs. En regardant dans le passé et à condition que les prévisions de PIB du consensus soient, dans l’ensemble, précises, la courbe des taux américaine devrait s’aplatir considérablement au cours de l’année à venir, car l’économie récupère la production perdue en raison de la pandémie. Si cet aplatissement s’avère baissier – c’est-à-dire qu’il s’accompagne d’une hausse des rendements sur toutes les échéances– l’expérience passée suggère que les actions mondiales auront tendance à générer des performances annualisées d’environ 10%, avec une surperformance des actions hors États-Unis et des actions de valeur (davantage dans les devises courantes étant donné que le dollar américain a tendance à s’affaiblir).

Ainsi, alors que l'histoire suggère que la hausse des rendements obligataires n'a pas, en soi, constitué un obstacle important pour les marchés actions, les valorisations onéreuses des actions, le biais de croissance des principaux indices d'actions et une politique monétaire en retard sur le cycle économique suggèrent que les rendements futurs des actions sont susceptibles d'être sensiblement inférieurs à ceux du passé récent. Dans notre Secular Outlook, nous prévoyons que la performance annualisée des actions mondiales s’élèvera à quelque 6% en dollars américains au cours des cinq prochaines années, soit moins de la moitié de la performance totale annualisée enregistrée pendant la dernière décennie.


05

Vue d’ensemble des marchés mondiaux: assèchement

Les actions et les obligations mondiales ont toutes deux terminé le mois dans le rouge, les inquiétudes s'intensifiant quant à l'impact que la crise de la dette du promoteur immobilier chinois Evergrande pourrait avoir sur l'économie déjà ralentie du pays. Les investisseurs se sont également préparés à la fin des mesures de relance monétaire adoptées en réponse à la pandémie aux États-Unis.

Les actions ont plus souffert que les obligations, l’indice MSCI All-Country World cédant plus de 3% en devise locale sur l’ensemble du mois. Les marchés émergents ont été la région la moins performante, les actions chinoises et brésiliennes entraînant le monde en développement dans leur chute.

Fig. 7 – Gaz à tous les étages
Cours des contrats à terme sur le gaz naturel NYMEX (USD par MMBTU*)
Marchés – Gaz
Source: Refinitiv, Datastream, NYMEX, Pictet Asset Management; données couvrant la période allant du 31.12.2015 au 28.09.2021; *Metric Million British Thermal Unit (million d’unités thermales britanniques).

Les secteurs exposés à la Chine, comme l’extraction minière et les matériaux, ont été les plus grands perdants, tandis que les actions du secteur de l’énergie ont progressé grâce à la hausse des prix du gaz provoquée par les pénuries d’approvisionnement (voir Fig. 7). Les services aux collectivités continuent de sous-performer même dans un environnement de marché plus faible et se négocient désormais à un niveau historiquement bas par rapport à l’indice de référence. La perspective d’une hausse des taux a soutenu les banques, qui ont terminé le mois en hausse.

Les actions japonaises ont surperformé les marchés actions développés en raison de la baisse des cas de Covid et de la perspective d’une nouvelle relance économique sous l’impulsion du nouveau Premier Ministre Fumio Kishida. Les actions américaines, qui ont atteint un niveau record en début de mois, ont terminé en forte baisse après que les responsables de la Fed ont laissé entrevoir la possibilité d’un retrait plus rapide des mesures de relance monétaire, accompagné de hausses de taux plus agressives. 

Sur les marchés obligataires, les obligations d’État chinoises se sont mieux comportées que leurs homologues des marchés développés et émergents, soutenues par un faible taux d’inflation, par la perspective d’un assouplissement monétaire et par le rendement attrayant de la classe d’actifs, à environ 2,9%. Ailleurs, les obligations émergentes en monnaie forte et en devise locale ont reculé, plombées par un dollar fort, qui a gagné 1,7% sur fond de hausse généralisée de l’aversion au risque.

Le renminbi chinois (RMB) a fait preuve d’une résistance remarquable en restant stable sur le mois malgré la chute des marchés actions du pays. La livre sterling a reculé de 2%, la flambée de l’inflation, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la pénurie de carburant ayant freiné le rebond de l’économie britannique au lendemain du confinement provoqué par la Covid.

06

En bref

BAROMETER octobre 2021

Allocation d’actifs

Nous abaissons les obligations et relevons les liquidités alors que les banques centrales se préparent à retirer les mesures de relance monétaire.

Secteurs et régions des actions

Nous relevons le Japon à neutre en raison de l’évolution politique et augmentons la santé à surpondérer dans le cadre d’une réorientation vers les valeurs défensives.

Obligations et monnaies

Nous privilégions les obligations souveraines chinoises en raison de la faiblesse de l’inflation, de la probabilité de nouvelles mesures de relance de la part de la banque centrale et des rendements attractifs.